Patrick MODIANO, Dans le café de la jeunesse perdue, Gallimard, Folio Poche
Très Modiano le titre déjà !
Parler en quelques phrases d’un livre de Modiano, c’est mission impossible, sauf si on n’a jamais lu de Modiano. J’en ai lu, des Modiano, donc ça va être assez compliqué de faire simple. Il va donc falloir que je fasse simplissime parce que je sais d’expérience que sur un écran, les yeux se fatiguent vite et qu’on aime aller à l’essentiel. L’essentiel donc. Modiano et ses phrases parfois si sèches, froides même, à la limite de l’insensibilité, c’est toujours une sorte de quête d’identité dans une société désordonnée.
Très Modiano le titre déjà !
Parler en quelques phrases d’un livre de Modiano, c’est mission impossible, sauf si on n’a jamais lu de Modiano. J’en ai lu, des Modiano, donc ça va être assez compliqué de faire simple. Il va donc falloir que je fasse simplissime parce que je sais d’expérience que sur un écran, les yeux se fatiguent vite et qu’on aime aller à l’essentiel. L’essentiel donc. Modiano et ses phrases parfois si sèches, froides même, à la limite de l’insensibilité, c’est toujours une sorte de quête d’identité dans une société désordonnée.
Page 28 ?
À la sortie du Condé, vers deux heures du matin, il pleuvait encore. Nous nous tenions dans l’embrasure de l’entrée et Louki portait toujours son turban. Mme Chadly avait éteint la salle et elle était allée se coucher. Elle a ouvert sa fenêtre à l’entresol et nous a proposé de monter chez elle pour nous abriter. Mais Maurice Raphaël lui a dit, très galamment : « Vous n’y pensez pas, madame… Il faut que nous vous laissions dormir… » C’était un bel homme brun, plus âgé que nous, un client assidu du Condé que Zacharias appelait « le Jaguar » à cause de sa démarche et de ses gestes félins. Il avait publié plusieurs livres comme Adamov et Larronde, mais nous n’en parlions jamais. Un mystère flottait autour de cet homme et nous pensions même qu’il avait des attaches avec le Milieu.
Patrick Modiano, si vous le mettez devant une page à noircir, il deviendra toujours ce narrateur effacé, avec des majuscules, qui nous fait faire mille détours pour, bien souvent, revenir au point de départ. Le Narrateur chez Modiano, pour effacé qu’il soit, cherche dans le désordre et sans relâche le petit détail qui aide le héros dans sa quête. Le héros, ici, c’est une héroïne, jacqueline Delanque, surnommée Louki. Pour savoir qui elle est, il faut lire le livre. Pour savoir pourquoi on aurait envie de savoir qui elle est, il faut aimer Modiano. Est-ce que j’aime Modiano ? Je n’en sais rien. Je le lis, souvent. Un réflexe, oui, c’est ça : je vois un livre de Modiano, je l’achète et je le lis. Je lis sans réfléchir à tout ce qu’on lui reproche parfois (il se répète, s’enferme…) parce que j’ai quand même l’impression que Modiano n’est pas le seul écrivain à tracer une sorte de cercle autour de son œuvre. D’ailleurs, je crois, oui je crois bien, que c’est ça qui me plait chez lui : le monde selon Modiano…
Le texte est divisé en plusieurs parties. Chaque narrateur (un étudiant, un détective, une jeune femme effacée surnommée Louki et un « amoureux » nous racontent Paris et ses rues qui s’entremêlent, Paris et ses cafés où l’on refait le monde, où d’obscurs écrivains se fréquentent sans jamais évoquer leurs livres, Paris et sa géographie qui vous ramène toujours sur vos pas. Paris, vu par Modiano… Au café du Condé, les habitués se côtoient sans chercher à se connaître. Seule Louki, qui se croit invisible, éveille la curiosité. Qui elle est, pourquoi elle a l’air de se cacher, c’est la question qui sert de trame au roman. Est-ce que la fin est époustouflante ? Oh ! c’est un Modiano quand même : un éternel recommencement, une boucle qui se referme toujours.
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