jeudi 28 mai 2009

Solitudes

Emmanuel PARMENTIER, "Solitudes", Les Nouveaux Auteurs 2007.

Parce que ce sont des nouvelles. Parce que la solitude, au pluriel en plus...


« Solitudes », c’est le titre qui m’a plu au départ. Il fallait oser, je trouve, appeler un recueil ainsi. « Solitudes », ça veut tout dire et n’importe quoi. À la base, tous les personnages de roman sont des êtres solitaires aux prises avec un destin digne d’être raconté. La solitude, c’est le moteur de tous les récits, non ? Mais bien sûr que oui. N’est pas un héros de roman qui veut. Allez, repensez à toutes vos lectures et vous comprendrez ce que je veux dire.


Emmanuel Parmentier, c’est un jeune auteur passionné de littérature et de cinéma, c’est ce qu’il est écrit sur la quatrième de couverture. Personnellement, si j’avais dû me charger de sa couverture, j’aurais plutôt dit que c’est un observateur hors pair qui parvient, en quelques pages, à rendre la réalité telle quelle, comme s’il avait posé un microphone et qu’il retranscrivait des tranches de vie de monsieur et madame Tout-le-monde. N’est pas héros de fiction qui veut ? Eh bien, dans les nouvelles d’Emmanuel Parmentier, c’est le cas. Une employée qui a des rêves est une héroïne, une actrice de films X peut l’être aussi, un jeune adolescent qui assume ses fautes, une institutrice, un vieillard...


Je me répète, je sais : c’est assez difficile de présenter un recueil de nouvelles. Trop de personnages, d’intrigues, de décors… Pour partager, donner renvie de lire, il faut choisir quelques mots qui feront mouche.


La solitude, tout le monde sait ce que c’est mais qui a vraiment conscience des formes qu’elle peut prendre ? Seuls, nous le sommes tous un peu et les personnages d’Emmanuel Parmentier, c’est, je crois, un peu de nous tous éparpillés sur 184 pages. On est seul quand on rêve. On est seul quand on est incompris. Quand on a des remords, des actes inavoués au fond du cœur, des murs devant les yeux, un être cher sous terre, un autre à portée de main et pourtant si lointain… On est seul quand on est différent, vieux, odieux, abandonné… La solitude, dans ce recueil, est partout, elle est plurielle et se décline avec réalisme. Emmanuel Parmentier, c’est l'écrivain du quotidien dans ce qu'il a de plus banal, capable de le décrire au point de le sanctifier. C’est un recueil de nouvelles qui n’en sont pas tant elles sont ancrées dans le réel, confinant presqu’à la fable, la vraie, celle qui nous donne une moralité sans appel. Un recueil qui ouvre les yeux, on va dire ça comme ça.

Et on va lire un extrait choisi.


Page 28.


- Pourquoi il était malade au cœur ? Il était triste ?
- Non, il était pas triste, papy José. Il m’aimait beaucoup et moi aussi je l’aimais beaucoup…
- Et il s’est envolé tout d’un coup ? Comme un papillon ?
- C’est ça, Romaric. Comme un papillon…

Sa réponse n’était pas très convaincante. Mais apparemment, ça lui convenait. Tant mieux. Elle lui tendit le plat de saumon :
- Tu l’apportes au salon ?
- D’accord.
Elle lui balaya une nouvelle fois les cheveux et alla sortir les bouteilles de blanc du frigo. En partant, elle jeta un dernier regard au pot en grès. Elle soupira :
- Sacré José, va…

Les titres des nouvelles :


Un rêve érotique.
La tarte aux quetsches.
Le regard des autres.
C’était un samedi.
À l’extérieur du mur.
Loin, loin du rivage.
À la dérobée.
Face à face.
L’amour n’a pas d’âge.


À noter : les deux dernières nouvelles sont mes préférées.




http://emmanuelparmentier.blogspot.com/2009/03/solitudes-nouvelles.html

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