dimanche 24 mai 2009

Madeleine


Amanda STHERS, « Madeleine »


Publié chez Stock en 2007, Prix des lecteurs Sélection 2009, édition Poche.



D’abord, l’héroïne s’appelle Madeleine. Moi aussi. Ensuite, c’est un roman, court, d’Amanda Sthers, ce qui ne gâche pas la perspective de lire une histoire sympa et facile sans être « trop facile ».



Enfin, test de la page 28 réussi : Castellot ne la regarde pas. Il fixe l’horizon puis tourne un peu la tête vers le phare. Son portable sonne encore. Il répond. Il dit à la voix de femme qui perce à travers le téléphone et ensuite le cœur de Madeleine : « Non. Je suis en rendez-vous. À ce soir. Non. Ils nous attendent à vingt heures trente. Chérie ? … Je t’aime. »
Madeleine reste immobile. Du sperme coule entre ses cuisses, elle a peur de bouger et qu’il en sorte tellement qu’elle meure dessous. Elle se sent en danger. Elle recule. Il ne sort toujours pas de la pièce. Discrètement, elle glisse un mouchoir dans sa culotte pour stopper l’hémorragie.
« J’ai envie de me jeter dedans », dit Castellot en regardant la mer. Elle aurait préféré qu’il parle de ses bras, de leur histoire…


Madeleine, elle est agent immobilier en Bretagne. Moi pas. Mais ça me plairait bien de faire visiter des maisons, comme elle et de… Ou peut-être pas tant que ça mais quand même, Madeleine, on la comprend : elle passe tellement de temps devant ses feuilletons qu’elle n’a que des acteurs comme amants, dans sa tête en tout cas, jamais dans ses bras ou si rarement, même pas le temps parfois de partager son steak petits pois dans le canapé, devant sa TV, toujours devant sa TV. Pauvre Madeleine…



À l’agence, un jour, elle reçoit un coup de fil en plein cœur. À l’agence, comme en ville, elle s’y ennuie tellement… Il y a bien le fils du patron qui la courtise mais, objectivement, c’est le genre de gars qui fait s’enfuir la gent féminine à grands cris affolés. En plus, c’est la réplique ou presque du père : amateur de camping sauvage et de nappes cirées qui s’essuient d’un coup d’éponge et avec ça, il y a fort à parier : il est laid tout nu ! alors non merci, se dit Madeleine qui… mais que peut bien faire une héroïne de roman qui tombe amoureuse d’une voix dans le téléphone et puis d’un homme dans une voiture ? Ha ! ha ! ha ! des tas de choses, qui s’étaleraient sur des milliers de pages et pourtant, le roman est très court. 124 pages, format poche. Court oui mais assez long pour… pour quoi à votre avis ? Allez, devinez : si les écrivains ne parvenaient même plus à nous faire croire au grand amour, même en 124 pages, à quoi bon écrire ? Amour impossible ? Peut-être. Sûrement. Ils le sont souvent mais, même impossibles, les amours qui se murmurent à l’aide de petites phrases qui s’entrechoquent sur papier et puis dans nos têtes, on en reprendrait bien des camions. Et tant pis s’il ne se dit pas dans ce livre, l’amour avec un grand A, s’il est seulement vécu, senti. Pas grave, non, parce qu’on le sent bien.



A. Sthers nous emmène ainsi en Bretagne flirter avec les fantasmes d’une certaine Madeleine, le tout sur 124 pages. Fantasmes, amour, steaks petits pois et après ? Après, on verra bien parce que l’amour justement…



Si j’ai bien aimé ? Oui oui.


Si je le passerai à ma meilleure amie ? Oui.


Si elle peut dire que c’est moi qui lui ai prêté ? Mais oui.


Si il y a un petit plus qui le différencie des livres de ce genre ? Non, franchement non, sauf peut-être cette impression de « reportage » : le narrateur a l’air de filmer, surtout les hommes qui sont « vus avec du recul ».


Si un homme aurait pu l’écrire ? Ah ! ça, j’adorerais qu’un homme perce le cœur des femmes comme A Sthers !

8 commentaires:

  1. wah! j'y arrive! (merci qui? l'escargot!:)

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  2. Et j'ai un commentaire! Non, 2 maintenant!

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  3. attends: 4! Comment t'as fait pour t'inscrire?

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  4. ppff... avant que je ne comprenne tout le fonctionnement de ce blog, D'Ormesson sera panthéonisé!

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  5. Hopopop : un gage, puisque tu viens de prononcer "son" nom. Donc, le gage : un papier sur "lui".

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  6. Heu... là tout de suite? Bof... ça va être difficile hein... par contre, je veux bien parler des pastiches le concernant mais pas tout de suite. Un peu de patience ;)

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