jeudi 28 mai 2009

Boomerang


Tatiana de ROSNAY, Boomerang, Editions Héloïse d’Ormesson, 2009.

Tatiana de Rosnay, je l’ai découverte il y a deux ans. On rentrait de vacances avec les enfants. On remontait la France par une nuit d’avril pluvieuse. Personne ne dormait dans la voiture. Pour faire passer le temps, j’ai cherché une fréquence qui ne diffusait pas des chansons déprimantes comme on venait d’en entendre pendant deux heures. Elle était interviewée pour la sortie de son merveilleux roman « Elle s’appelait Sarah ». Je me souviens, elle en parlait avec des larmes dans la voix (mais si, dans la voix !) En rentrant, j’ai couru l’acheter chez mon petit libraire sympa. Ce n’est pas de ce roman que je cause aujourd’hui et pourtant, si vous l’avez lu, vous savez ce que j’ai envie de dire : tout ce qu’elle a écrit depuis ou écrira à l’avenir sera comparé à « Elle s’appelait Sarah ». C’est un sacré problème quand même de garder le cap après avoir sorti pareil bouquin ! Mais bref ! Je m’égare (souvent). On se reprend ? Ok, on se reprend !



« Boomerang » alors ? Quoi ? Il est bon ou pas ? Mais qui je suis pour dire si un bouquin est bon ou pas ? Si j’en parle, c’est que j’ai bien aimé sinon, j’ai mieux à faire. Quand même…
« Boomerang » donc… étrange ce titre, non ? Si ! si ! étrange. C’est quoi un boomerang ? Un objet qui nous revient, souvent en pleine figure. Oups ! Vous voyez que je m’égare : la page 28 ! J’allais l’oublier.


Il avait aussi envie de retrouver sa sœur. Elle et lui, personne d’autre. A Paris, les occasions de se voir étaient trop rares. Elle était toujours prise par des déjeuners ou des dîners avec des auteurs. Lui quittait souvent la capitale pour visiter des chantiers, ou était retenu pour par un projet de dernière minute. Elle venait parfois prendre le brunch le dimanche matin quand les enfants étaient avec lui. Elle cuisinait les œufs brouillés les plus savoureux du monde. Oui, il ressentait le besoin d’être avec elle, seul à seul, en cette période délicate. Certes, ses amis comptaient. Ils lui apportaient joie et vitalité. Mais à présent, ce qui lui importait le plus, c’était Mélanie, sa présence, son soutien et ce lien unique avec son passé.


Facile à comprendre : on plante le décor. Un architecte, une directrice d’édition, frère et sœur, partis en week-end, une période difficile et un passé toujours présent qui va resurgir et bouleverser la vie du héros, Antoine. Un secret forcément, de famille ; ce sont les plus lourds, les plus sournois.
Comme à son habitude, Tatiana de Rosnay aligne les cartes qui lui réussissent : les liens du sang, la mort quand elle menace et frappe. Cette fois, elle se glisse (à la première personne, ce que la page 28 ne laisse pas deviner) dans la peau d’un homme, quadragénaire fraîchement divorcé, aux prises avec un travail inintéressant, des enfants en pleine crise d’adolescence, un père distant, le souvenir de sa mère disparue trop tôt, une assistante incompétente et… vous lirez (j’espère !) et donc… une femme bien sûr ! Belle, entreprenante et embaumeuse de son état. Tout au long du roman, on est plongé – et c’est ça qui est intéressant – dans la tête d’un homme vu par une femme (Tatiana de Rosnay est une femme), un homme qui doit affronter le doute, la culpabilité, le désir, la mort, le chagrin, le stress, le célibat, la garde de ses enfants, l’accident de sa sœur et un secret bien sûr qu’il est le seul à vouloir percer. Et pour comprendre ce secret, l’auteur nous promène dans tout Paris. Bien oui, il est bien ce roman parce que Tatiana de Rosnay est douée pour nous aspirer dans le quotidien de ses personnages et, il faut bien l’avouer, ce livre, elle l’a écrit en anglais, comme « Elle s’appelait Sarah » et on la préfère quand elle choisit cette langue. Mais assez de parlotte et en route pour Paris et un terrible secret !

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