Katarina MAZETTI, "Le mec de la tombe d'à côté", Babel, 2009.
Je n’ai absolument aucun sens de l’orientation. J’ai déjà dû vous le dire (je le dis à tout le monde). Ainsi, quand je veux aller dans une de mes librairies préférées, même si j’y suis déjà aller cent fois, je dois demander à mon sympathique mari de m’y conduire sinon, je n’arrive jamais à destination. Les routes, je ne les reconnais jamais. Mais bref, samedi, je tenais absolument à aller faire un tour dans cette librairie, juste y flâner un peu pour voir les livres, en acheter un ou deux, au hasard de préférence… J’ai bien fait. J’ai trouvé celui-là, un livre dans lequel on se glisse comme sur une chaise à une terrasse ombragée. On commande une glace et on déguste. Le reste peut bien attendre : on est en bonne compagnie…
Désirée est veuve, cultivée et vit en Suède. Elle est bibliothécaire et passe une partie de ses journées au cimetière où repose son défunt mari, mort accidentellement après cinq ans de vie conjugale. Le reste du temps, elle va au théâtre, dévore des livres, anime des ateliers de lecture ou voit ses amis. Elle vit dans un appartement tout blanc et décoré de ficus. Elle aime bien sa vie, sauf que depuis la mort de son époux, elle a perdu tous ses repères, alors elle reste là, plantée devant la tombe à attendre quelque chose qu’elle ne peut même pas nommer.
Désirée est veuve, cultivée et vit en Suède. Elle est bibliothécaire et passe une partie de ses journées au cimetière où repose son défunt mari, mort accidentellement après cinq ans de vie conjugale. Le reste du temps, elle va au théâtre, dévore des livres, anime des ateliers de lecture ou voit ses amis. Elle vit dans un appartement tout blanc et décoré de ficus. Elle aime bien sa vie, sauf que depuis la mort de son époux, elle a perdu tous ses repères, alors elle reste là, plantée devant la tombe à attendre quelque chose qu’elle ne peut même pas nommer.
Lui, il s’appelle Benny, il est agriculteur et sa maison est décorée par les broderies jaunies de sa mère emportée par le cancer. Avoir une femme, il aimerait bien. Ce serait tellement plus pratique, le quotidien, avec des marmites fumantes le soir pour le dîner et un intérieur astiqué. Mais Benny, il n’a pas le temps de sortir et de voir du monde : la vie dans les fermes est rude et l’investissement doit être rentable. Alors lui aussi, il reste là, avec ses vaches ou ses géraniums qu’il repique sur la tombe de sa chère maman. La culture, il regarde ça de loin en se disant que ça ne l’aidera pas à faire tourner ses affaires…
Un jour pourtant, puisque les contraires s’attirent, puisqu’on est dans un roman et puisque les histoires d’amour naissent partout, même dans les cimetières, Benny aux cheveux poussiéreux va sourire à Désirée au chapeau ridicule et voilà, il n’en fallait pas plus pour donner un gentil petit roman qui se lit en une paire d’heures et qui, l’espace de 200 pages, nous aide à nous souvenir que la vie est pleine de surprises.
Pas de grandes fresques ou de rebondissements dans ce livre mais des sentiments, des bons mots, des points de vue aussi, celui d’une femme et celui d’un homme que rien ne devait réunir. On dit que la femme conçoit tout en fonction de l’amour et que l’homme conçoit l’amour en fonction de tout. Katarina Mazetti, une suédoise qui n’en est pas à son premier roman, l’a bien compris.
Méfiez-vous de moi !
Seule et déçue, je suis une femme dont la vie sentimentale n’est pas très orthodoxe, de toute évidence. Qui sait ce qui pourrait me passer par la tête à la prochaine lune ?
Vous avez quand même lu Stephen King ?
Juste là, je suis devant la tombe de mon mari, assise sur un banc de cimetière vert bouteille lustré par des générations de fesses…
Il y a de quoi s’énerver. Je veux dire, il n’était même pas malade…
Je viens plusieurs fois par semaine pendant la pause de midi…
S’il se met à pleuvoir, je sors d’une toute petite pochette un imperméable en plastic… il est parfaitement hideux.
Je passe au moins une heure ici, à chaque fois, avant de m’en aller. Dans l’espoir sans doute de susciter un chagrin de circonstance, à force d’acharnement. On pourrait dire que je me sentirais beaucoup mieux si j’arrivais à me sentir moins bien…
La vérité, et elle est pénible, c’est que la moitié du temps je suis furieuse contre lui. Foutu lâcheur…
L’autre moitié du lit double jamais défaite…
Et personne pour tirer la chasse d’eau à part moi…
Je ressens aussi parfois un léger frémissement entre les jambes, après cinq mois de célibat. Ça me donne l’impression d’être nécrophile…
À côté de la pierre tombale d’Örjan, il y a une stèle funéraire monstrueuse, oui, carrément vulgaire !
Il y a quelques semaine, j’ai vu pour la première fois la personne en deuil…
Le Forestier…
Il avait une drôle d’odeur et seulement trois doigt à la main gauche…
***
Putain, je ne peux pas la blairer !
Pourquoi elle est tout le temps assise là ?
Me rendre sur la tombe est mon seul bol d’air…
Des cheveux blonds fanés, des vêtements ternes et délavés…
J’aime les femmes dont l’apparence clame ‘Regardez-moi’ »…
Elles doivent avoir du rouge à lèvres brillant et de petites chaussures pointues…
Rien à foutre si le rouge à lèvre s’étale, si la robe est trop serrée sur les bourrelets…
Je tombe toujours un peu amoureux quand je vois une femme plus toute jeune qui a consacré une demi-journée à se pomponner pour qu’on la remarque, surtout si elle a de faux ongles, des cheveux cramés par les permanentes et des talons aiguilles casse-gueule…
Maman n’arrêtait pas de me tarabuster les dernières années pour que je « sorte » me trouver une fille…
Ce que ma mère ne savait pas, c’est qu’il n’y a plus de jeunes filles qui attendent au quai de collecte du lait…
Elles sont toutes parties en ville…
Continue à nous impressionner, ça fait un bien fou. Je suis épatée par tout ce que tu réalises et surtout que tu réussis!
RépondreSupprimerMerci! mais c'est qui? :)
RépondreSupprimerGénial !
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