Olivier Adam, « Je vais bien, ne t’en fais pas »
Ça fait un sacré bout de temps que je n’ai pas chroniqué de livre. Pas le temps, pas envie, pas maintenant, pas de roman qui sorte du lot… D’ailleurs celui-ci, j’aurai bien des difficultés à vous en parler puisque je l’ai perdu. À moins que je l’ai prêté, ce qui m’étonnerait parce que je m’en souviendrais : je veille toujours à bien menacer du regard la personne à qui je prête un bouquin (en réalité, je ne me contente pas de menacer en faisant de grands yeux : je laisse aussi sous-entendre que les sanctions, en cas de non-retour, seront physiquement insupportables)
Mais je disais donc : ça fait un sacré bout de temps oui. Pourtant j’ai lu. Il y a eu un ou deux Vian relus avec mes yeux d’adulte, les nouvelles d’Anna Gavalda qui m’ont beaucoup moins émue que la première fois, deux Cauvin (encore !). Ça doit être l’automne qui s’est installé et puis l’hiver tombé du ciel sans crier gare… Je passe en mode hibernation, m’emmure dans mes lectures sous ma couette, ne pas déranger merci ! Vous savez ce que je me dis là, en écrivant ces lignes ? Toujours la même chose quand il s’agit d’évoquer un livre un peu en profondeur : au fond, personne ne doit aimer rentrer dans le détail après avoir lu un livre (sauf si on a comme moi une amie qui s’appelle MC et qui vous parle d’un livre avec des yeux magiques – les yeux magiques sont très rares et capables rien qu’avec des battements de cils de faire revivre un récit). Oui, la lecture, c’est quelque chose de vachement intime, bien plus intime en tout cas que la critique historique dans les œuvres d’Hérodote ou l’étude des fluctuations du prix de la pomme de terre sur le marché belge. D’ailleurs même à la Fnac au rayon livres, rares sont les conversations enflammées autour d’un roman, et pour susciter des phrases de plus de quatre syllabes chez les vendeuses - sauf si vous les questionnez sur des romans signés par les Guillaume Levy (je fus témoin d’une pareille scène récemment) – vous pouvez franchement vous brosser. Je me suis brossée donc cette semaine à la Fnac et suis repartie avec des bouquins choisis en fonction de la couverture (mais si !), du conseil d’une connaissance ou de l’inévitable page 28.
Quatre bouteilles de bordeaux recommandées par Jean-Luc Pouteau, meilleur sommeiller du monde, viande des Grisons Reflets de France, un sachet de Mini Babybel, une bouteille de Mr. Propre, Vizir et sa Vizirette, un gratin de courgettes surgelé Findus, deux concombres, un pot de cannelle, un paquet de papier-toilette parfum lavande…
C’est bon là ? Vous avez compris où on est ? Au supermarché oui ! J’adore les supermarchés mais là n’est pas la question. Je voulais vous donner envie de lire ce livre. Vous donner envie de le lire, comme ça, juste en passant et puis passer à un autre.
« Je vais bien ne t’en fais pas », c’est l’histoire de Claire qui vit à Paris, dans un petit appartement et dans l’espoir de revoir un jour Loïc, son frère, disparu deux ans plus tôt. Parfois, elle reçoit des lettres où Loïc écrit seulement ça « Je vais bien ne t’en fais pas » mais elle s’en fait quand même, Claire. Au boulot, elle scanne des articles au Shopi. Le soir, elle fréquente des gens transparents, insipides… Quand arrivent les vacances, elle décide de se rendre dans le village où a été postée la dernière carte. Peut-être qu’elle va l’y croiser et enfin comprendre pourquoi il s’en est allé. Ou peut-être pas. Pour la savoir il faut lire le livre. Allez, en quelques lignes : pourquoi celui-là ?
Parce que c’est 156 pages de pensées intimes et de désarroi, de monologues intérieurs, de discours indirects libres (j’aime les discours indirects libres sauvages). Des chapitres courts remplis de sentiments humains (c’est pas si compliqué de trouver un bon sujet de roman hein ?) mais aussi d’articles scannés à toute allure, de jeunes gens qui préparent des DEA en sociologie, de gars vicelards qui niquent dans les ascenseurs, des jours de congé (tout le monde aime ça), des jours de fin d’été, des villes où les maisons ne se ressemblent pas, des villes qui ne ressemblent à rien d’ailleurs, des nuits où on a du mal à dormir, des parents qu’on retrouve, des lettres qu’on ouvre en tremblant, des parties de Scrabble et les silences qui les accompagnent. Des nuits où on dort aussi parce que parfois quand même… Des jours où on pleure (tout le monde pleure un jour). D’autres où on comprend qu’on aurait aimé ne pas comprendre. Et puis des jours où on s’effondre et le lendemain on se relève ou on ne mange plus. Plus du tout. Des jours où on pardonne. À part ça, il y a des drapeaux orange sur les plages, des photographes qui vous prennent de profil et des vacances, des nuits qui se terminent. Mais surtout il y a dans cette succession de chapitres drôles et émouvants (vite, que je termine : je tombe en plein cliché) cette conviction qui nous rassemblent tous au rang de … et qui fait de nous.. (mettez ce qui vous plaira à la place des pointillés, allez un peu d’imagination !) Bref, ce que je voulais vous dire : on a tous perdu quelqu’un d’irremplaçable, pas vrai ? Voilà, c’est pour ça, ce livre. Pour tous ces instants où on s’est persuadé que.
Terminé pour aujourd’hui. J’espère en avoir parlé bien mal de ce livre mais c’est normal : je l’ai trouvé si affreusement bien fait ! Poignant, sensible, touchant, blessant, marrant… saisissant ? Presque…
Mais je disais donc : ça fait un sacré bout de temps oui. Pourtant j’ai lu. Il y a eu un ou deux Vian relus avec mes yeux d’adulte, les nouvelles d’Anna Gavalda qui m’ont beaucoup moins émue que la première fois, deux Cauvin (encore !). Ça doit être l’automne qui s’est installé et puis l’hiver tombé du ciel sans crier gare… Je passe en mode hibernation, m’emmure dans mes lectures sous ma couette, ne pas déranger merci ! Vous savez ce que je me dis là, en écrivant ces lignes ? Toujours la même chose quand il s’agit d’évoquer un livre un peu en profondeur : au fond, personne ne doit aimer rentrer dans le détail après avoir lu un livre (sauf si on a comme moi une amie qui s’appelle MC et qui vous parle d’un livre avec des yeux magiques – les yeux magiques sont très rares et capables rien qu’avec des battements de cils de faire revivre un récit). Oui, la lecture, c’est quelque chose de vachement intime, bien plus intime en tout cas que la critique historique dans les œuvres d’Hérodote ou l’étude des fluctuations du prix de la pomme de terre sur le marché belge. D’ailleurs même à la Fnac au rayon livres, rares sont les conversations enflammées autour d’un roman, et pour susciter des phrases de plus de quatre syllabes chez les vendeuses - sauf si vous les questionnez sur des romans signés par les Guillaume Levy (je fus témoin d’une pareille scène récemment) – vous pouvez franchement vous brosser. Je me suis brossée donc cette semaine à la Fnac et suis repartie avec des bouquins choisis en fonction de la couverture (mais si !), du conseil d’une connaissance ou de l’inévitable page 28.
Quatre bouteilles de bordeaux recommandées par Jean-Luc Pouteau, meilleur sommeiller du monde, viande des Grisons Reflets de France, un sachet de Mini Babybel, une bouteille de Mr. Propre, Vizir et sa Vizirette, un gratin de courgettes surgelé Findus, deux concombres, un pot de cannelle, un paquet de papier-toilette parfum lavande…
C’est bon là ? Vous avez compris où on est ? Au supermarché oui ! J’adore les supermarchés mais là n’est pas la question. Je voulais vous donner envie de lire ce livre. Vous donner envie de le lire, comme ça, juste en passant et puis passer à un autre.
« Je vais bien ne t’en fais pas », c’est l’histoire de Claire qui vit à Paris, dans un petit appartement et dans l’espoir de revoir un jour Loïc, son frère, disparu deux ans plus tôt. Parfois, elle reçoit des lettres où Loïc écrit seulement ça « Je vais bien ne t’en fais pas » mais elle s’en fait quand même, Claire. Au boulot, elle scanne des articles au Shopi. Le soir, elle fréquente des gens transparents, insipides… Quand arrivent les vacances, elle décide de se rendre dans le village où a été postée la dernière carte. Peut-être qu’elle va l’y croiser et enfin comprendre pourquoi il s’en est allé. Ou peut-être pas. Pour la savoir il faut lire le livre. Allez, en quelques lignes : pourquoi celui-là ?
Parce que c’est 156 pages de pensées intimes et de désarroi, de monologues intérieurs, de discours indirects libres (j’aime les discours indirects libres sauvages). Des chapitres courts remplis de sentiments humains (c’est pas si compliqué de trouver un bon sujet de roman hein ?) mais aussi d’articles scannés à toute allure, de jeunes gens qui préparent des DEA en sociologie, de gars vicelards qui niquent dans les ascenseurs, des jours de congé (tout le monde aime ça), des jours de fin d’été, des villes où les maisons ne se ressemblent pas, des villes qui ne ressemblent à rien d’ailleurs, des nuits où on a du mal à dormir, des parents qu’on retrouve, des lettres qu’on ouvre en tremblant, des parties de Scrabble et les silences qui les accompagnent. Des nuits où on dort aussi parce que parfois quand même… Des jours où on pleure (tout le monde pleure un jour). D’autres où on comprend qu’on aurait aimé ne pas comprendre. Et puis des jours où on s’effondre et le lendemain on se relève ou on ne mange plus. Plus du tout. Des jours où on pardonne. À part ça, il y a des drapeaux orange sur les plages, des photographes qui vous prennent de profil et des vacances, des nuits qui se terminent. Mais surtout il y a dans cette succession de chapitres drôles et émouvants (vite, que je termine : je tombe en plein cliché) cette conviction qui nous rassemblent tous au rang de … et qui fait de nous.. (mettez ce qui vous plaira à la place des pointillés, allez un peu d’imagination !) Bref, ce que je voulais vous dire : on a tous perdu quelqu’un d’irremplaçable, pas vrai ? Voilà, c’est pour ça, ce livre. Pour tous ces instants où on s’est persuadé que.
Terminé pour aujourd’hui. J’espère en avoir parlé bien mal de ce livre mais c’est normal : je l’ai trouvé si affreusement bien fait ! Poignant, sensible, touchant, blessant, marrant… saisissant ? Presque…